A l’écoute de la Création
Ouvrages IndividuelsA travers une lecture des textes à la fois critique et créative, en résonance avec la sensibilité et la science contemporaines, A l’écoute de la Création montre que la Bible, souvent accusée d’être anti-écologique, offre aussi une vision de la nature très actuelle et féconde pour faire la paix avec la Terre, opérer la transition vers des sociétés plus justes et respectueuses du vivant. Le livre est paru aux éditions suisses Cabedita, dans la collection «Parole en liberté» dont la vocation est d’éclairer une question actuelle à la lumière des Ecritures. En l’occurrence, mettre la Bible à l’épreuve de l’écologie et l’écologie à l’épreuve de la Bible.
La façon dont nous maltraitons la nature découle de la manière dont nous la regardons. Dans le système économique dominant, qui détruit le vivant par sa démesure productiviste et consumériste, la nature a été réduite à sa dimension matérielle. Elle n’a pas d’âme. Elle est avant tout un stock de ressources et un décor. C’est de cette vision, matérialiste et très réductrice, qu’il s’agit de sortir.
Il n’y aura pas de «terre nouvelle» (pour reprendre une expression du livre de l’Apocalypse), c’est-à-dire de nouvelles manières vraiment écologiques d’habiter la Terre, sans une nouvelle vision, un changement de regard et d’imaginaire. C’est précisément le sens du mot «conversion».
Jardins-livres en dialogue
En quoi la Bible peut-elle contribuer à cette mutation de conscience? C’est à cette interrogation que cet ouvrage essaie de répondre. Notre conviction est que la tradition biblique offre des ressources inspirantes pour accomplir les changements nécessaires en leur donnant sens.
A une condition cependant: revisiter de manière (auto)critique et créative le corpus biblique pour en découvrir et actualiser les potentialités écologiques. Une tâche immense qui suppose, entre autres, de faire dialoguer deux mondes: la Bible comme un jardin, et la Création comme un grand livre. Ces deux «jardins-livres» sont notre terre intime où nous enraciner. Les deux, chacun avec son langage propre qui est à apprendre, sont à écouter et contempler.
Parcours écospirituel
A travers cette relecture écospirituelle de textes bibliques, l’ouvrage déploie un parcours avec différentes pistes pour changer notre regard. Nous découvrons d’abord la nature comme Création, c’est-à-dire une réalité qui n’a pas sa source en elle-même mais qui est le fruit d’une prodigieuse œuvre divine.
Puis nous explorons comment cette Création est un temple de Dieu et de sa présence; une histoire non achevée, mais toujours en train de s’accomplir dans une cocréation entre Dieu et ses créatures; un tissu vivant d’interrelations et d’interdépendances en évolution permanente; un espace de bonté et de beauté qui nous est donné et où chaque créature a une valeur en soi; une maison commune qui nous offre son hospitalité; une Terre-mère qui nous nourrit, nous soigne et nous enseigne par sa sagesse.
Enfin, ce qui permet d’aborder la question du mal, nous évoquons les souffrances de la Création qui, comme le dit l’apôtre Paul, «gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement» (Rm 8,22).
Vers la réconciliation
A chaque fois, nous évoquons les rôles qui, pour la personne humaine, découlent de ce changement de regard: prêtresse de la Création, jardinière de la Terre, hôte du vivant. Mais aussi des attitudes intérieures ou des vertus écologiques comme la gratitude, l’émerveillement, l’humilité, la compassion, l’autolimitation, la sobriété ou encore la justice.
Tout cela suppose un changement de notre mode de connaissance, au-delà de la seule rationalité logique. Tout cela ne prend sa plénitude de sens et sa fécondité que s’il conduit à une transformation de nos modes d’être et de vie.
C’est dans nos engagements, quotidiens et écocitoyens, que nous incarnons l’espérance dont les Ecritures témoignent: le salut comme accomplissement du projet divin d’alliance, de réconciliation et de transfiguration, c’est-à-dire d’union entre le cosmos, l’humain et Dieu.
Michel Maxime Egger, A l’écoute de la Création. Pour changer notre regard sur la nature, Cabedita, 2024, 14,50 euros ou 19 CHF