Des arbres qui marchent

Confrontant son cheminement spirituel avec ses prises de conscience écologiques, désireux de changer de regard, le réalisateur belge Pierre-Paul Renders a pris sa caméra pour – en 2019 et 2020 – aller rencontrer une trentaine de personnes qui lui semblaient aborder ce qui nous arrive avec une certaine sagesse. Situées en Belgique, en France ou en Suisse, elles creusent le sujet depuis des positions atypiques, à la croisée de la science, de l’écologie profonde et de la spiritualité.

Au départ de la démarche, la conscience brûlante – étayée par la science – que des bouleversements majeurs menacent notre monde. Puis une interrogation : n’y aurait-il pas d’autres questions à se poser avant ou parallèlement à celle, immédiate, du «Que faire?». Car, comme l’affirme Albert Einstein, « on ne résout pas un problème en utilisant les modes de pensée qui l’ont engendré». Les racines des dérèglements et catastrophes actuelles sont profondes, existentielles. Elles interrogent le sens du système dans lequel nous sommes inscrits et, plus fondamentalement, celui de notre vie sur terre en tant qu’humain. Malheureusement, ces questions sont souvent écartées du débat public, reléguées à la sphère privée et individuelle.

En même temps, beaucoup redécouvrent les ressources des spiritualités, anciennes ou nouvelles, souvent en prenant le parti d’aller ailleurs que vers le christianisme, accusé ou soupçonné d’être l’une des causes du système mondialisé qui nous conduit dans le mur. Cependant, pour sortir de nos modes de pensée habituels, n’aurions-nous pas intérêt à regarder aussi vers nos racines?

L’auteur a entrelacé les propos récoltés, pour faire émerger une polyphonie originale où résonnent des mots comme aveuglement, colère, culpabilité, repli, désespoir, mais aussi espérance, renouveau, pardon, engagement, désir, amour… Des mots galvaudés ou salis, devenus pour certains inaudibles ou inutilisables, mais qu’il semble urgent de redécouvrir et revitaliser.

La série Des Arbres qui marchent, qui a vu le jour en septembre 2021, prend donc la forme d’une vaste mosaïque chorale où se répondent des voix multiples sur la question du changement de paradigme à opérer, indissociable d’une traversée individuelle et collective des effondrements. Un puissant exercice d’intelligence collective, en résonance avec les apports transdisciplinaires inspirants de l’écopsychologie et de l’écospiritualité.

Guidé par les questionnements de l’auteur, ce parcours, qui allie réflexions et émotions, se déploie selon un itinéraire en huit étapes ou vidéos (d’environ 35 minutes chacune) aux titres évocateurs: «Ce qui nous arrive»; «Remonter aux sources»; «Ce qui pousse dans les cicatrices»; «La guérison de l’aveugle»; «Où es-tu?»; «L’amour au temps des catastrophes»; «Les deux moitiés de l’humanité»; «Inspirations-expirations». Le but n’est pas de donner des réponses définitives ou de faire le tour des questions abordées, mais de toucher, conduire à des questionnements, susciter le désir d’aller plus loin par des lectures, des expériences et des engagements.

Le site Des Arbres qui marchent offrent de nombreuses ressources : éléments de présentation et de communication ; dossiers pédagogiques ou d’animation ; références et liens utiles en connexion avec les thèmes et orientations de la série ; notes personnelles de l’auteur à propos de sa démarche et de chacun des chapitres

Vers une écologie intégrale

«Ce qui nous arrive, c’est énorme ! Il faut comprendre que la crise écologique n’est pas qu’une suite de mots ou de chiffres. Ce n’est pas un problème d’experts, de riches, de blancs ou encore de bobos. C’est une gigantesque crise planétaire, qui touche progressivement de plus en plus de monde, en particulier les plus vulnérables, les plus pauvres, le Sud, les femmes, et qui nous touchera, nous, demain.» Et la jeune étudiante Africa Litt d'ajouter: «En même temps, nous avons les moyens de faire évoluer les choses et nous avons donc une responsabilité : créer du neuf, inventer un monde nouveau».

Mais comment engager ce changement de cap individuel et collectif qui implique une transformation profonde de l’ensemble de notre modèle de société? Pour répondre à cette question, la philosophe belge Charlotte Luyckx a réuni un certain nombre de spécialistes pour réaliser une série de sept capsules vidéos traçant la perspective d’une «transition intégrale». Le but est d’offrir une vision non pas totalisante mais intégrative, qui permette de relier les enjeux et les actions et de les penser dans leur globalité.

A partir d'une métaphore géologique, le parcours invite à explorer cinq strates qui correspondent à cinq manières d’aborder la transition écologique, de la comprendre et de s’y engager. Certaines sont plus évidentes et médiatisées, comme les enjeux technologiques ou comportementaux, d’autre plus implicites comme les rouages économiques et politiques, d’autres encore plus profondément enfouies, comme les aspects philosophiques, sans parler des questions de sens qui ouvrent la voie à différentes formes d’écospiritualité.

Réalisée en partenariat avec la pastorale scolaire Bxl-BW, donc destinée aussi aux écoles, la série est accompagnée de nombreuses ressources pédagogiques.

Écologie, où sont les religions?

Pour la cinquième saison de son podcast «Place des religions», le quotidien La Croix a convié des théologiens, historiens, philosophes ou militants de terrain à offrir des éclairages sur le rôle que les traditions religieuses peuvent jouer dans la compréhension et la résolution des défis écologiques auxquels nous sommes confrontés.

Des dérèglements climatiques à la destruction de la biodiversité, en passant par la pollution des sols et de l’air, l’ampleur des bouleversements planétaires est sans précédent. Elle nous oblige à reconsidérer nos modes de vie, nos manières de consommer, de produire, d’aménager le territoire… Face à l’urgence, un gigantesque effort d’imagination et de conversion – personnelle et collective – est requis pour inventer notre avenir.

Les réponses sont à l’évidence politiques, économiques, techniques… Mais puisqu’il s’agit de l’être humain dans son rapport à la Terre et à ses semblables, l’enjeu est aussi de nature spirituelle. En cela, les religions ont quelque chose à nous dire sur les questions écologiques. Leurs textes fondateurs, leurs traditions, leurs spiritualités, ou encore leurs rites et leurs théologies peuvent nous inspirer. Autant de pistes que cette série de podcasts, intitulée Écologie, où sont les religions? et qui a démarré en mai 2022 et se terminera au printemps 2023, a choisi d’explorer à raison d’une émission le dernier mercredi du mois.

Dans l’encyclique Laudato si’, publiée en 2015, le pape François invite chaque tradition de sagesse à se pencher sur ses propres ressources, pour enrichir la réflexion commune sur la sauvegarde de la maison commune. De ce texte fondateur, La Croix a tiré plusieurs questions fondamentales qui ont été soumises à des spécialistes de différentes confessions, afin de les faire entrer en résonance.