Les inépuisables ressources de l’encyclique «Laudato si’»

Écospiritualité

Dix ans après sa publication, et alors que le monde vit une véritable régression écologique, l’encyclique du pape François continue d’interpeller et d’offrir des ressources pour avancer résolument dans la «sauvegarde de la maison commune». Signé Elodie Maurot (La Croix), un dossier pour reprendre les choses à neuf, dans un geste qui cherche à rassembler, car «le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous.»

Le pape François au Vatican le 16 décembre 2018
© VINCENZO PINTO / AFP

Dix ans se sont écoulés depuis l’heureuse surprise de Laudato si’, la lettre encyclique du pape François, qui a sonné un coup de gong en faveur de «la sauvegarde de notre maison commune». Cette décennie n’a pas été celle de l’immobilisme écologique. Partout dans le monde, la prise de conscience des atteintes portées au vivant et des menaces pesant sur les écosystèmes a largement progressé. Elle a suscité rapports, sommets, diagnostics, engagements, mais en retour le déni et l’hostilité aux transformations nécessaires ont augmenté exponentiellement, générant une conflictualité toujours plus aiguë. Voilà où nous en sommes en ce 10e anniversaire, pris de vertige face au détricotage de mesures pourtant déjà insuffisantes, inquiets que la violence du monde qui s’exacerbe ne vienne reléguer à plus tard, trop tard, les enjeux écologiques.

La voix du pape François s’est tue, le 21 avril dernier, mais elle continue de vibrer dans ces pages explicitement adressées «à toutes les personnes de bonne volonté». Aujourd’hui, Laudato si’ est à la fois un texte bien connu et un texte qui reste à faire connaître. Mais c’est dans les prochaines années que va se jouer sa véritable postérité, sa «réception», comme on dit en langage théologique, qui se mesurera sur le temps long, en considérant ce qu’elle aura initié et conforté comme transformations positives. Il est donc essentiel de faire encore découvrir ce texte. Et parce qu’en matière écologique comme spirituelle, il n’est jamais rien d’acquis, que celles et ceux qui s’y sont déjà intéressés se laissent traverser à nouveau par sa vive interpellation.

Dans ce dossier, nous avons choisi de reprendre les choses à neuf, sans supposer une connaissance du texte préalable, ni de connaissances théologiques particulières, mais sans nous priver d’évaluer le chemin parcouru dans les Églises chrétiennes grâce à l’impulsion donnée par le pape François. Nous espérons ainsi proposer une lecture pour tout public, dans un geste qui cherche à rassembler, fidèle à l’invitation du pape François qui insistait: «Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous.»

1. Se laisser interpeller: «La réalité est supérieure à l’idée»

Avec Laudato si’, un pape s’exprime pour la première fois de manière centrale, nette et forte en faveur de la cause écologique. Et sa manière de procéder est loin d’être anecdotique. «L’encyclique commence par une prise en compte de l’état du monde présent, une écoute des sciences et un état des lieux documenté, avant même de se tourner vers la tradition chrétienne, la Bible, le catéchisme ou la théologie», fait remarquer François Euvé, jésuite et théologien, spécialiste des questions écologiques.

Le pape consacre ainsi toute une première partie de son texte à synthétiser les atteintes au vivant, n’omettant aucun sujet: pollution et réchauffement climatique, question de l’eau, perte de biodiversité… Si cette manière de faire fut bien reçue par les scientifiques en 2015, elle est regardée encore plus positivement dix ans plus tard. «C’est un geste d’autant plus important que sur le réchauffement climatique et les atteintes à l’environnement, on est entré non pas dans un régime de post-vérité – comme on le dit souvent – mais de mensonge et de contre-vérité et que le discours scientifique est frontalement contesté», fait remarquer Martin Kopp, théologien écologique protestant, chercheur associé à l’université de Strasbourg.

Dans un style très moderne mais qui fait aussi écho à l’attitude du Christ dans les Évangiles, François invite ses lecteurs à se laisser interpeller par le réel. «Il s’agit non pas de procéder à une élaboration théorique que l’on imposerait à la réalité, mais d’entrer dans un examen de la réalité, pour y percevoir l’Esprit Saint à l’œuvre», poursuit François Euvé, qui voit là «une critique de la dimension abstraite que peut prendre la vie chrétienne, quand elle conçoit des schémas qu’elle applique à la réalité».

«La réalité est supérieure à l’idée», affirme au contraire le pape François à plusieurs reprises dans une formule qui a été remarquée. Le chemin qu’il propose est la mise en œuvre d’un discernement, d’une dialectique entre la lecture de la situation écologique et celle des sources chrétiennes, dans un regard bienveillant porté sur le monde et une disposition au dialogue avec l’ensemble des disciplines scientifiques.

En abordant frontalement la question écologique, le pape élargit l’horizon des préoccupations de l’Église catholique. «L’apport novateur de l’encyclique – dont la réception large en dehors de l’Église est le signe – est d’inviter les chrétiens à un débat qui n’est pas le leur en propre», note le théologien Patrick Goujon, directeur de la revue Recherches de sciences religieuses [1], un enjeu qui relève «de l’action de tous et non d’un agenda piloté par les chrétiens». Dans un monde où les communautés religieuses sont toujours plus tentées par le repli identitaire, François réaffirme ici fortement que l’Église n’est pas autocentrée, mais soucieuse du destin commun des êtres humains et de la planète.

2. Considérer l’impasse: «En finir avec le mythe moderne du progrès matériel»

Laudato si’ ne se contente pas de déplorer les atteintes à l’environnement, elle veut donner à voir, véritablement dévoiler, la logique d’un système technocratique, de production et de consommation devenu néfaste et elle vient mettre en question le «mythe» d’un progrès matériel infini. «Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale», indique le texte (n. 139) «La démarche du pape François peut être perçue, aujourd’hui encore, comme véritablement radicale au sens où, selon l’étymologie du mot, elle va à la racine de nos problèmes», indique Cécile Renouard, religieuse et philosophe, présidente du Campus de la transition.

Vigoureusement, la plume du pape François vient mettre en cause le «paradigme techno-économique» dans lequel nous sommes pris, qui influe sur la pensée comme sur les comportements, qui conduit à développer un rapport instrumental, dominateur, prédateur, au monde, et à transformer progressivement toutes réalités en choses manipulables, jetables. Il pointe les effets néfastes des habitudes d’immédiateté et de court-termisme liées à une «culture du déchet», «qui affecte aussi bien les personnes exclues que les choses» (n. 22). Il critique l’emprise du marché et de la financiarisation, la domination du pouvoir technologique, qui pèsent sur la politique, au détriment de la recherche du «développement humain intégral» et de «l’inclusion sociale».

«François invite à une remise en cause d’un système économique ploutocratique centré sur la recherche de richesse, les intérêts, le profit, les gains… De manière très diplomatique, il n’emploie pas le mot “capitalisme”, mais on voit bien où il veut en venir…», analyse le théologien Martin Kopp. Dans cette absence de référence directe au capitalisme, l’économiste Cécile Renouard lit, de son côté, «une invitation à chercher, à l’intérieur de notre modèle économique, à aller le plus loin possible dans la transformation en faveur de la justice écologique et sociale».

L’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde.

François met aussi des mots sur l’intensification des rythmes de vie et de travail, l’accélération continuelle des changements sociaux – la «rapidacion» écrit-il, en glissant dans son texte un mot très expressif choisi dans sa langue maternelle. Une «rapidacion» qui épuise, au sens propre comme figuré, les ressources de la terre comme les êtres humains. D’où «l’impossibilité de maintenir le niveau actuel de consommation des pays les plus développés», alerte François.

Alors croissance ou décroissance? Ici, la plume du pape semble chercher à éviter les pièges d’un débat trop souvent caricatural. «L’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties», écrit-il (n. 193). «Dix ans après, on pourrait être plus précis et dire que c’est partout que les volumes de production et de consommation doivent décroître», insiste Cécile Renouard. «Il n’empêche que le mot “décroissance” est là, relève néanmoins le théologien Martin Kopp. À ce jour, François reste le seul responsable religieux d’envergure mondiale à l’avoir utilisé.»

Quoi qu’il en soit, l’encyclique assume une radicalité, mûrie et réfléchie, mais réelle. On le perçoit lorsque François critique le «comportement évasif» de ceux qui pensent que ce qui se passe en matière écologique «n’est pas certain […], pas si grave», lorsqu’il déplore les «inerties vicieuses», et même désapprouve «les justes milieux (qui) retardent seulement un peu l’effondrement». S’il loue les bienfaits et les ressources de la science et de la technique, le pape pointe aussi l’impasse du technosolutionnisme.

3. Se transformer: «Le besoin d’une conversion écologique»

Face à nos difficultés, «il est possible d’élargir de nouveau le regard» (n. 112), affirme François. Le paradigme technocratique s’apparente à une cage de fer conditionnant et limitant la liberté humaine? Laudato si’ en appelle à une véritable «révolution culturelle» (n. 114). «Il n’y aura pas de nouvelle relation à la nature sans un être humain nouveau», écrit François (n. 118).

C’est dire l’ampleur de la tâche. François invite à une véritable «conversion écologique», mobilisant un terme clé de la vie chrétienne: changer de regard, vivre un véritable retournement intérieur, reconsidérer en profondeur notre rapport au monde, aux autres, à nous-mêmes et, ultimement, à Dieu. Car «tout est lié» ne cesse de répéter le pape, en une formule désormais célèbre, invitation à une «écologie intégrale».

Au niveau personnel, cette conversion consiste à se laisser atteindre, toucher, mouvoir par le sort réservé à la terre, «oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde, et ainsi reconnaître la contribution que chacun peut apporter» (n. 19). «C’est un chemin essentiel par rapport à ce que l’on entend aujourd’hui sur le désarroi profond qu’éprouvent certains militants écologiques, pouvant aller jusqu’à la dépression», fait remarquer Michel Maxime Egger, écothéologien de sensibilité orthodoxe. «Il ne s’agit pas seulement de s’informer mais d’être touché. Le pape prend très au sérieux l’affliction provoquée par la dégradation du vivant, la disparition des espèces, et il la considère comme une voie authentique de transformation pour nourrir l’engagement.»

Oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde.

D’autres conversions sont à mener parallèlement pour transformer nos modèles de développement, nos structures politiques, nos représentations du bonheur… Pour le pape, il est nécessaire de les repenser pour retrouver un rapport positif aux «limites» – mot employé 27 fois! – et redéployer de manière constructive les capacités et la créativité humaines, qu’il prend soin de valoriser. L’encyclique insiste aussi sur l’importance cruciale d’une «éducation environnementale» seule capable de transformer nos habitudes en profondeur. «Laudato si’ parvient ainsi à relier les différentes échelles de l’action, depuis les petits gestes individuels de la vie quotidienne, jusqu’au niveau global, économique et politique, pointe Cécile Renouard, du Campus de la transition. C’est extrêmement important pour à la fois interpeller chacun et faire bouger les structures.»

Sur le plan théologique, le pape met concrètement en œuvre cette «conversion» en répondant indirectement à la célèbre critique du médiéviste Lynn T. White, qui mit en cause dans les années 1960 la responsabilité du christianisme dans la crise écologique. Aucune interprétation du récit biblique de la Genèse ne peut venir justifier une vision dominatrice et prédatrice de l’homme sur la nature, dit-il en substance, refusant l’«anthropocentrisme dévié» comme «anthropocentrisme despotique».

«S’il est vrai que, parfois, nous les chrétiens avons mal interprété les Écritures, nous devons rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures» (n. 67). «Il s’agit d’une rare autocritique, tout à fait remarquable dans la bouche d’un pape», relève Michel Maxime Egger.

4. Choisir la justice: «Entendre la clameur de la terre et la clameur des pauvres»

Dans son approche de la question écologique, François accorde une place primordiale à la question sociale, qui préoccupe – depuis plus d’un siècle – la doctrine sociale de l’Église, et à laquelle Laudato si’ offre comme un nouveau chapitre. Venu d’Amérique latine, continent éprouvé par les inégalités et la pauvreté, François est particulièrement sensible au destin funeste que l’économie néolibérale réserve à ses exclus.

«Plus que tout autre pape avant lui, et particulièrement dans ce texte, François insiste sur la priorité à accorder aux plus pauvres», observe le théologien François Euvé. D’où son insistance sur les principes phares de la doctrine sociale de l’Église: l’option préférentielle pour les plus pauvres; la subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens; la recherche du bien commun, qui doit bénéficier à tous; la valorisation des corps intermédiaires et de la société civile; la dignité de la personne humaine…

Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale.

L’attention aux pauvres s’enrichit ici d’une nouvelle dimension écologique, et l’approche écologique se voit croiser la route des plus démunis. «Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres», assure François (n. 49).

Dans sa lecture de la crise écologique, les plus pauvres et la terre partagent le même sort d’être privés de dignité, de considération, d’être entravés. Le même sort de ne pas être entendus. «Vivre la conversion écologique, c’est, pour le chrétien comme pour toute personne humaine, entendre le “cri de la terre”, c’est-à-dire le cri de cette instance qui ne parle pas. Le rapprochement avec le “cri des pauvres” est révélateur, dans la mesure où le pauvre est “l’invisible” ou “l’inaudible” », relève François Euvé [2].

5. Se laisser inspirer par une mystique de la «fraternité universelle»

Comment ne pas se décourager face à l’ampleur de la tâche? Et qu’est-ce qui peut venir nourrir l’engagement de long terme que la transition écologique requiert? «Il ne sera pas possible de s’engager dans de grandes choses seulement avec des doctrines, sans une mystique qui nous anime», avance François.

Toutes les intelligences et les sagesses, les langages séculiers comme religieux, doivent être convoqués et mis à contribution, dans un dialogue respectueux. «Aucune branche des sciences et aucune forme de sagesse ne peut être laissée de côté, la sagesse religieuse non plus, avec son langage propre», affirme le pape pour qui «les convictions de la foi offrent aux chrétiens, et aussi à d’autres croyants, de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles» (n. 64).

Nous pouvons toujours repréciser le cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose.

Sans nier la gravité du défi écologique, Laudato si’ tient à faire résonner une tonalité positive et encourageante, «une espérance» comme un contrepoint au catastrophisme. «L’espérance nous invite à reconnaître qu’il y a toujours une voie de sortie, que nous pouvons toujours repréciser le cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes», souligne le pape avec volontarisme (n. 61).

Loin d’une «écologie punitive», le texte veut faire entendre une expérience positive de l’écologie, qui valorise un mieux-être, un véritable épanouissement, une «saine humilité», «une sobriété heureuse (…) libératrice», «une gratitude pour les dons de la Création»: «Ce n’est pas moins de vie, ce n’est pas une basse intensité de vie mais tout le contraire», plaide fermement François (n. 223).

«Beaucoup de militants écologistes non croyants sont aujourd’hui sensibles à cette dimension spirituelle – plus qu’à une relation à Dieu –, reposant sur une ouverture au sens de l’existence, à l’intériorité, au fait de se relier à plus grand que soi, de se transcender. Au développement d’une relation nouvelle au monde qui est à contempler et pas à dévorer», constate Cécile Renouard, depuis le Campus de la transition.

François propose ainsi une éthique des vertus qui se veut universelle, mais il met aussi en partage les ressources théologiques et spirituelles les plus profondes de la foi chrétienne. Celles d’un Dieu créateur par amour et qui n’abandonne pas sa Création. «On retrouve dans son texte la vision chrétienne traditionnelle de la nature comme “reflet”, “miroir” de Dieu, mais l’encyclique va plus loin, en tenant une ligne de crête: la nature n’est pas Dieu et Dieu ne se limite pas à la Création, mais Dieu est présent en toutes choses», remarque Michel Maxime Egger.

Le pape réveille ainsi une sensibilité théologique présente dès les premiers siècles du christianisme mais oubliée avec la modernité, plus sensiblement conservée par la tradition orthodoxe, aussi présente chez un François d’Assise, un Jean de la Croix ou un Teilhard de Chardin… «L’univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. Il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage du pauvre», écrit le pape (n. 233).

Loin d’une vision dépréciative de la nature, de la matière ou du corps, qui a pu accompagner l’histoire du christianisme, la réflexion de François promeut l’éminente dignité du créé. «La spiritualité n’est déconnectée ni de notre propre corps, ni de la nature, ni des réalités de ce monde; la spiritualité se vit plutôt avec celles-ci et en elles, en communion avec tout ce qui nous entoure», plaide le pape.

Il y a une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage du pauvre.

«L’encyclique rouvre ainsi la réflexion et invite à reprendre à nouveaux frais la théologie de la Création, qui avait été délaissée avec le tournant anthropologique du XVIe siècle», note le théologien Martin Kopp. Centrée sur l’homme seul, la théologie avait alors eu tendance à considérer la nature comme la simple «scène» du salut individuel, quand elle ne faisait pas du créé, de la matière et de la chair, un obstacle au salut.

«L’encyclique refuse une vision dualiste de la Création, pour insister sur le fait que l’être humain est entremêlé à la Création, incluse en elle, appuie Michel Maxime Egger. Cela dit, on sent qu’elle cherche la bonne manière de parler de la spécificité humaine, ce qui reste une question théologique très discutée aujourd’hui. L’enjeu est de réussir à penser une singularité de l’être humain qui ne soit pas prise dans un rapport hiérarchique au reste du vivant.»

À l’opposé de relations utilitaristes asséchantes, Laudato si’ veut nourrir une attitude relationnelle – vis-à-vis du vivant, des êtres humains, de Dieu – qui débouche sur une attitude contemplative, émerveillée, du monde. C’est pourquoi elle prend exemple sur François d’Assise, parlant de «Sœur notre mère la terre». Dans le Cantique des créatures, cité par l’encyclique, son admiration pour la terre et le vivant nourrit un sentiment de fraternité universelle traversant toutes les strates du monde créé et s’épanouissant dans la louange de Dieu : «Laudato si’, loué sois-tu mon Seigneur.»

En son cœur intime, et de manière très profonde, l’encyclique met en valeur la nature relationnelle du monde créé, qui renvoie « à l’image d’un Dieu trinité – Père, Fils et Esprit Saint – lui-même relationnel», relève Michel Maxime Egger. Ainsi, l’invitation ultime de l’encyclique est-elle de réorienter notre puissance de désir, «qui est infini parce qu’il est lié au fait que nous sommes à l’image de Dieu».

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