Répondre en profondeur aux dérèglements planétaires demande d’aller à la racine des problèmes et d’opérer un véritable changement de paradigme, une transition tant intérieure qu’extérieure. Cette métamorphose de notre « être-au-monde » appelle un réveil de l’imaginaire, un dépassement des dualismes et une ouverture à la spiritualité.
L’enjeu est, en déjouant nos freins intérieurs, de traverser l’éco-anxiété et d’autres émotions douloureuses, développer une culture du soin et inventer d’autres manières de s’engager sur les voies de la personne méditante-militante. Autant de dimensions que ce « manuel » explore dans une approche holistique, en les articulant aux enjeux socio-politiques.
De gauche à droite: Michel Maxime, Tylie et Elie
Sociologue et écothéologien, Michel Maxime Egger est auteur d’essais sur l’écopsychologie et l’écospiritualité. Il a fondé en Suisse un Laboratoire de transition intérieure .
Formatrice réenchanteresse, facilitatrice, éco-conseillère et poétesse, Tylie Grosjean accompagne à la transition intérieure, à l’écopsychologie et au travail qui relie.
Ecopsychologue, Elie Wattelet accompagne et forme à la transition intérieure, à l’écopsychologie et au travail qui relie. Il a co-fondé en Belgique le Réseau d’écologie sensible et Mycélium .
Articles Recensions
François Euvé, directeur de la revue "Etudes": Une inspiration utopique centrée sur la relation
On ne manque pas de travaux sur ce qu’impose la transition écologique (pensons par exemple au Manuel de la grande transition du collectif , FORTES, Cécile Renouard et al.). La proposition de Michel Maxime Egger, Tylie Grosjean et Elie Wattelet (Manuel de transition intérieure , Actes Sud, 2023, 480 pages, 23 euros) s’inscrit dans cette perspective, mais du point de vue d’une indispensable «transition intérieure» sans laquelle les transformations «extérieures» (techniques) seraient insuffisantes. Si l’on comprend qu’il ne s’agit pas de quelques réaménagements marginaux («greenwashing») mais d’un changement profond d’attitude, d’une véritable «conversion», d’une «refondation anthropologique», il faudra alors se pencher sur la psychologie et même sur la spiritualité.
Celle-ci intègre les apports des traditions religieuses mais sans exclusives. Elle est définie comme l’ouverture à un plus grand que soi, la capacité à accueillir ce qui nous dépasse, à l’encontre du primat constructiviste de la modernité. On voit ce qui distingue cette démarche du «développement personnel» qui reste auto-centré. On ne s’étonnera pas de voir l’accent mis sur la relation, la modernité ayant introduit des disjonctions qui sont devenues des dominations (de l’humain sur la nature, de l’homme sur la femme, du «civilisé» sur le «primitif», etc.). Les vertus sont mises en avant comme, par exemple, la gratitude (vertu «cardinale»), l’émerveillement, l’humilité, la patience, l’humour, le courage, la joie et l’espérance. L’accent sur la relation n’esquive pas les inévitables conflits, l’inspiration utopique devant prendre en compte la réalité des situations.
L’intérêt d’un livre qui se présente comme un «manuel» est de faire suivre les considérations plus théoriques sur les paramètres de la transition par des exercices pratiques et des ressources pour aller plus loin. On ne manque pas en effet de lieux d’expérimentation et de productions littéraires. Les ressources proposées devront permettre une mise en œuvre pratique afin d’expérimenter cette transition.
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Imagine: Un livre-somme vivant et accessible
Face aux bouleversements écologiques et sociaux en cours et à venir, comment, individuellement et collectivement, renforcer «être-au-monde»? Comment dépasser les dualismes réducteurs – raison/émotions, masculin/féminin, nature/culture… –, et parvenir à faire société? Comment réussir notre nécessaire transition intérieure sans verser dans l’éco-anxiété, le déni ou le défaitisme? Stimuler les imaginaires et construire des récits porteurs de transformations? Agir en conscience et créer de nouveaux liens entre humains et non humains?
Toutes ces questions essentielles sont au cœur de l’ouvrage Reliance publié ce mois-ci chez Acte Sud. Un livre-somme, co-écrit par un sociologue, une formatrice-facilitatrice et un éco-psychologue qui croisent leurs savoirs et leur praxis de manière vivante et accessible. Rien n’est laissé au hasard autour de la figure du «méditant-militant»: les ressorts de l’engagement, les freins et les tabous intérieurs, la nécessaire dimension politique, etc.
Multi-sourcé, agrémenté de témoignages et de réflexions philosophiques, Reliance propose, en outre, vingt-quatre «pratiques de transition intérieure» pour aller plus loin. Imagine vous propose quelques bonnes feuilles de ce livre à destination d’un large public, qui pose les bases d’une «culture régénératrice», comme l’appelle Rob Hopkins dans sa préface. (n°156, mai-juin 2023).
Claire Brandeleer - En Question: Un fourmillement de réflexions et de pratiques
C’est un ouvrage bien fourni que nous offrent les auteurs et autrice de ce Manuel de transition intérieure . Comme points de départ, il y a le désir d’un changement de cap ‒ tel qu’entendu par Joanna Macy: le fait de «s’engager personnellement et collectivement pour la transition écologique et sociale au sens fort, c’est-à-dire la mutation vers des sociétés qui soutiennent le vivant» (p. 21). Une idée phare, également: ce changement de cap ne sera pas possible sans une transition intérieure. De quoi s’agit-il? Le chapitre 1 nous propose une définition: la transition intérieure désigne «tout ce qui se passe à l’intérieur de nous (individus et collectifs) quand nous agissons pour créer un nouveau monde et que nous quittons l’actuel. Elle recouvre les dimensions culturelles, psychologiques et spirituelles des projets concrets où nous nous engageons» (p. 29). «[Cette] transition intérieure doit sans cesse être articulée avec la transition extérieure. La première est le fondement de la seconde qui en est l’incarnation. Autrement dit, si rien ne change au-dedans de l’être humain et des collectifs, rien ne sera jamais vraiment changé au-dehors. Et ce qui change à l’extérieur rend possibles de nouveaux changements à l’intérieur» (pp. 25-26).
Les auteurs se présentent comme «portés à la fois par l’exigence de la lucidité et le mouvement de l’espérance». Où puisent-ils cette dernière? Dans une observation: «le ‘saut de conscience’ exigé par le passage du ‘seuil (r)évolutionnaire’ vers la réalisation du changement de cap est en cours» (p. 39). Mais également dans une conviction: «malgré le spectacle parfois affligeant que l’humanité continue à donner d’elle-même quotidiennement, l’être humain est capable de changer, ainsi que les systèmes, d’ailleurs» (p. 40).
Pétri de l’expérience au long cours des autrice et auteurs, l’ouvrage offre à celui ou celle qui s’y plonge un fourmillement de réflexions, de témoignages (sur des sujets très spécifiques, comme par exemple le choix d’accueillir ou non des enfants dans un monde ravagé), d’outils, et de ressources pour initier ou approfondir une démarche de transition intérieure. La partie Praxis en particulier propose toute une série de méthodes concrètes pour «pratiquer» et vivre (en groupe, avec l’aide d’une personne formée à l’animation) des exercices favorisant la transition intérieure. La dernière partie, Ressources, guide pour aller plus loin, rassemble, entre autres, une présentation de modèles qui ont la particularité d’intégrer à la fois les logiques de transition intérieure et extérieure (comme celui «des 6 portes» du Manuel de la Grande Transition développé au Campus de la Transition, ou celui «des 5 strates» proposé par la philosophe belge Charlotte Luyckx). Enfin, l’ouvrage fournit un nombre impressionnant de références et de notes, bien utiles pour qui veut travailler, s’informer ou se former sur la question de la transition intérieure.
La lectrice que je suis s’est sentie de prime abord un peu perdue devant cette diversité d’outils, de réflexions, de ressources. L’ouvrage exige qu’on lui consacre un peu de temps pour en comprendre la logique. On comprend que les approches sont complémentaires, chacune apportant sa manière d’éclairer les questions de transition. Le livre doit donc être abordé comme un recueil – fort complet – dans lequel puiser, en choisissant ce qui conviendra à la réalité, aux expériences et aux attentes des groupes ou des personnes qui s’en saisissent. (n°146, septembre 2023).
Article en ligne
Inexploré: Un ouvrage qui ouvre la voie
Très riche ouvrage qui a l’ambition de faire un état des lieux de ce changement de paradigme actuel tant évoqué, qui est nécessaire et passe par un changement intérieur et une prise de conscience du besoin de se relier. À travers des questionnements sur notre monde d’aujourd’hui, mais aussi des pistes de réflexion pour devenir des méditants militants, ce livre ouvre la voie… (n°60, octobre-décembre 2023).
Jacques Briard - L'Appel: Une place importante à la spiritualité
Face aux effondrements écosystémiques et civilisationnels, deux auteurs
belges et un suisse contribuent à la compréhension de ce qui se joue dans les dynamiques individuelles et collectives. Dans ce manuel à lire chapitre après chapitre ou dans le
désordre, une place importante est donnée à la spiritualité, à l’ouverture à plus grand que soi et à la non-violence. Avec des manières d’articuler la transition intérieure et les réalités politiques, économiques et sociales. En dépassant les dualismes dans des pratiques et la rencontre des autres luttes. (n°460, octobre 2023)
François Euvé - Etudes : Pour expérimenter la transition intérieure
La nécessaire transition écologique nécessite une «transition intérieure» qui en est le «ferment». Il s’agit en effet d’une «refondation anthropologique», d’une véritable «conversion» de notre manière de nous rapporter au monde et les uns aux autres. Ce «manuel» en expose les fondements avant de proposer des exercices pratiques et des ressources pour aller plus loin. On ne manque pas en effet de lieux d’expérimentation et de productions littéraires. L’insistance est mise sur les dimensions psychologiques et spirituelles, car la modernité a introduit des disjonctions («nature» et «culture») dont il convient de se libérer afin de mieux se «relier». On peut relever en particulier l’importance de la spiritualité qui intègre les apports des traditions religieuses mais sans exclusives. Cette spiritualité est définie comme l’ouverture à un plus grand que soi, la capacité à accueillir ce qui nous dépasse, à l’encontre du primat constructiviste de la modernité. On voit ce qui distingue cette démarche du «développement personnel» qui reste autocentré. Les vertus sont mises en avant comme, par exemple, la gratitude (vertu «cardinale»), l’émerveillement, l’humilité, la patience, l’humour, le courage, la joie et l’espérance. L’accent sur la relation n’esquive pas les inévitables conflits, l’inspiration utopique devant prendre en compte la réalité des situations. Les ressources proposées dans ce livre devront permettre une mise en œuvre pratique afin d’expérimenter cette transition. (n°4309, novembre 2023)
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Jean-Claude Noyé - Association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie: Appel à une métamorphose
C’est à une métamorphose de notre «être-au-monde» qu’appelle ce vade mecum écrit à trois mains. Théoriciens et praticiens de l’écopsychologie et/ou de l’écospiritualité, les auteur.e.s y dressent un vaste tableau des fondements et des voies de la transition intérieure, présentée comme l’indispensable matrice de transformations sociétales systémiques susceptibles de répondre aux dérèglements planétaires en cours. Ce changement de paradigme suppose un réveil (une décolonisation) de nos imaginaires, un dépassement des dualismes (corps-esprit, raison-émotion, humain-nature, masculin-féminin, etc.) et une ouverture à la spiritualité, comprise dans un sens large (avec ou sans Dieu, dans ou en dehors de la religion) comme relation à un autre plan du réel et de la conscience. De fait, c’est un nouvel art de la relation qui est dessiné ici: relation plus juste, plus intense, plus attentionné tant à soi-même, qu’aux autres, au vivant et au plus grand que soi. Un art de la «reliance».
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Emissions La transition n'est pas seulement dans les panneaux solaires! Dans le cadre de l'émission «Du vent dans les voiles» de RCF Sud Belgique présentée par Myriam Tonus et Jean-Pierre Binamé, Elie Wattelet retrace son parcours et le coeur de son engagement, l'écopsychologie. Novembre 2023.
Et si nous rallumions nos imaginaires… Dans le cadre du podcast «Tout tourne rond sur cette terre» où Marine Simon invite à s’inspirer du Vivant pour changer de culture, Tylie Grosjean et Elie Wattelet évoquent diverses dimensions clés de la transition intérieure. Août 2023.
L’éco-anxiété: la souffrance du XXIe siècle? Au micro de Jonas Schneiter, une interview de Michel Maxime Egger sur les troubles de santé mentale liés à l'état de la planète, précédée d'un reportage sur un atelier de «Travail qui relie». RTS la 1ère , Un été à soi , 17 juillet 2023.
Des reliances qui font sens . Menée par Marie Cénec et Olivier Keshavjee, une conversation à bâtons rompus avec Michel Maxime Egger pour évoquer un parcours de vie au service du Vivant. Un podcast de la Transition écologique et sociale de l'Église Évangélique Réformée du Canton de Vaud (EERV), 25 juin 2023.
Reliance: «Il n'y aura pas de transition écologique sans une réelle évolution spirituelle» . Dans le cadre des chaînes Symbiocratie et Odysee animées par Didier Reinach, une exploration par Michel Maxime Egger des dimensions spirituelles de la métamorphose individuelle et collective à laquelle la situation planétaire nous appelle pour y répondre en profondeur, 22 mai 2023.
Entre non-agir et espérance, les voies de la personne méditante militante . Lors du rendez-vous mensuel du mouvement «Vague d'Amour et de Paix» , Michel Maxime Egger évoque les attitudes et postures intérieures à éveiller et cultiver en soi pour un engagement au service de la transition, 7 mai 2023.
Ecospiritualité, vers une transition intérieure . Entre témoignage personnel et réflexions, une conversation avec Michel Maxime Egger menée par Antoine André sur le rôle de la spiritualité dans le changement de paradigme à accomplir et les engagements qui en découlent. The SWISSBOX Conversation , 3 mai 2023.
Conférences Une belle synthèse (en dessin et en vidéo) de la transition intérieure par l’ artiste, formatrice et animatrice Natascha Provoost:
Tournée en Belgique Quelques reflets de notre conférence à l'Université de Louvain-la-Neuve le 21 avril 2023 devant 220 personnes et de notre atelier le lendemain au lieu magique de la Rivelaine .
Couverture et quatrième (pdf)
Site web dédié à l'ouvrage, avec en particulier les activités et rendez-vous.
Site où retrouver sous forme de fiches les pratiques de transition intérieure et d'écologie sensible proposées dans Reliance.