Carolyn Carlson: The Tree

«La Terre, notre Mère-Nature, est au bord du gouffre», déclare Carolyn Carlson, immense figure de la danse contemporaine. En partant de ce naufrage, elle nous offre avec The Tree un puissant et envoûtant poème dansé, visuel et musical, sur les liens brisés et à restaurer entre l’être humain et le vivant. Entre mélancolie et espérance, un cri d’amour à la nature, magnifié par les toiles à l’encre de Chine du peintre Gao Xingjian.

Au fil de sept «séquences» qui sont autant de rêveries et de tableaux symboliques inspirés des réflexions du philosophe Gaston Bachelard les éléments, neuf interprètes nous appellent à prendre conscience non seulement de la beauté et de la fragilité de la nature, mais aussi de la nécessité de retrouver notre unité avec elle. Car, dit la chorégraphe californienne, « nous ne sommes pas extérieurs à l’univers. Nous sommes des graines évoluant en cycles et en rythme, comme les changements de saisons qui régissent chaque création. La Terre nous demande de ralentir et de songer aux conséquences de nos actes.» Nous sommes donc, plus que jamais, appelés à nous transformer.

Le moteur de cette métamorphose, véritable mort-renaissance, est le feu. Carolyn Carlson parle de la « force poétique des flammes » qui ne sont pas destructrices, mais aussi source de purification et de renouveau. Tel le phénix, après avoir péri dans les incendies qui consument les forêts, l’arbre renaît de ses cendres. Il puise une énergie et une vie nouvelles dans le bois mort qui nourrit et fertilise l’humus. Nous pouvons, comme humains, faire de même.

A la chute des corps succède le relèvement, à l’effondrement la recréation. Sous le regard sage de la chouette, la profondeur de la méditation s’allie à l’intensité des mouvements des danseuses et danseurs, tour à tour lents et rapides, fluides et saccadés, accélérés ou figés comme dans un arrêt sur image. Mais toujours portés par le flux continu de la respiration et des battements du cœur nourris par le souffle du cosmos. «L'avenir, c'est maintenant, et non demain.»

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